L'Histoire du Soldat au Poche Montparnasse, mes. Stéphan Druet

Théâtre de Poche Montparnasse, le 5 janvier 2018
Stravinsky/Ramuz, L’histoire du Soldat
    • Claude AUFAURE - Le Lecteur
    • Julien ALLUGUETTE - Le Soldat
    • Licinio DA SILVA - Le Diable
    • Aurélie LOUSSOUARN / Malou UTRECHT (en alternance) - La Princesse
    • Olivier DEJOURS / Loïc OLIVIER - Chefs d'orchestre en alternance
    • Et les musiciens de l’Orchestre-Atelier Ostinato
    • Violon Thomas CARDINEAU / Gabriele SLIZYTE / Cécile SUBIRANA
    • Contrebasse Alice BARBIER / Victor ROBIN / Robin SELESKOVITCH
    • Clarinette Seung-HWAN LEE / Hélène RICHARD / Juncal SALADA CODINA
    • Basson Adrien GOLDSCHMIDT / Valentin NEUMANN
    • Cornet Antoine LORY / Luce PERRET / Victor ROSI
    • Trombone Valentin MOULIN / Hugo DUBOIS / Yvan FERRE
    • Percussions Quentin BROYART / Florie FAZIO / Pierre FOURRE
    • Costumes Michel DUSSARAT
    • Lumières Christelle TOUSSINE
  • MISE EN SCÈNE STÉPHAN DRUET
  • Assistant à la mise en scène et Chorégraphies Sebastiàn GALEOTA
  • Peinture murale Laurence BOST
Le joyau de Stravinsky et Ramuz connaît des jours fastes depuis la mise à l’affiche cette production originale, pleine d’entrain et de gourmandise théâtro-musicale. Couverte d’éloge par la critique, elle fait son retour après une pause automnale et restera à l’affiche jusqu’au 18 mars. Mais si l’on ne peut qu’encourager ceux qui ne s’y sont pas encore rendus à le faire, c’est aussi une occasion de rappeler combien l’oeuvre, trop négligée, est riche d’aspects et d’enjeux difficiles à concilier. Le mérite de la mise en scène de Stéphan Druet est bien d’avoir fait un choix clair de conception, à rebours efficace de l’intuition du lieu.
C’est que le Poche impose en principe ses conditions à l’action et à la conception, limitant le mouvement, sa vitesse comme son amplitude, le nombre, l’engagement dans une certaine mesure. Mais en optant pour une version entièrement théâtrale, mobile, où les personnages interagissent, Stéphan Druet réussit un pari risqué - au risque, donc, de la saturation visuelle et, aussi, du surinvestissement du texte parlé et musical. On a entendu des interprétations convaincantes de l’Histoire du Soldat qui, le plus souvent, se limitent à une récitation, éventuellement polyphonique, mais statique, tirant vers l’oratorio avec narration. La dimension bouffe, et de théâtre ambulant est ici rendue, et rendue en entier, en accord avec la lettre du texte et la tradition la plus ancienne, remontant aux premières exécutions (il ne manque pour cela que la doublure dansante du Diable, qui est cependant presque assurée par le jeu de Licinio Da Silva). Pour cela, l’imagination ne lésine pas, sans donner le décalage gratuit : l’orchestre entre en uniforme, chef compris, au pas cadencé, et se place en rang avant de commencer à jouer. Un membre en sort, c’est le Soldat, avec son petit violon. Il est sorti de l'orchestre, il est sorti de la vie, qui se déroulera en se jouant de lui. La troupe musicale continuera avec parcimonie d’être sollicitée (ici, le chef, là, la percussionniste) pour s’intégrer à ce merveilleux “théâtre de pauvreté” - qui ne saurait être du pauvre pour autant - dont parlait Boulez. A l’opposé de la scène par rapport au chef, le lecteur est assis à un secrétaire et se révèle être aussi, en fait, l’auteur du conte, ou une sorte de matérialisation de narrateur omniscient, qui peut occasionnellement incarner physiquement sa participation au récit (beau morceau de bravoure que la mise en scène à trois de la partie de carte).
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